V. Dès longtemps les Grecs et ceux des barbares qui habitaient les côtes s’adonnèrent à la piraterie Tous les historiens anciens s’accordent à représenter les peuples maritimes comme livrés à la piraterie. La Grèce surtout, par la configuration de ses còtes profondément découpées, devait singulièrement favoriser ce brigandage réputé honnète, puisqu’aujourd’hui même c’est le seul point de la Méditerranée où l’on voie de temps en temps reparaître les pirates. , lorsque les relations par mer commencèrent à devenir plus fréquentes. Des hommes puissants commandaient ces entreprises soit en vue d’un profit personnel, soit afin de pourvoir à la subsistance des faibles. Tombant à l’improviste sur des villes sans murailles et formées d’habitations éparses, ils les pillaient et vivaient en grande partie du produit de ces rapines. Ce métier, d’ailleurs, n’emportait aucune honte, ou plutôt il n’était pas sans quelque gloire César, dans la Guerre des Gaules , vi , 23, et Tacite, dans les Moeurs des Germains , signalent chez les Germains les mêmes habitudes de brigandage, le même mépris de l’agriculture. Les anciens Thraces regardaient comme une honte de labourer la terre. Les razzias exécutées par les Arabes, en Afrique, rappellent ces moeurs primitives. . On en trouve la preuve dans les moeurs actuelles de certains peuples chez lesquels aujourd’hui encore on honore les pirates habiles. C’est ce que témoignent aussi les anciens poëtes Voyez en particulier Homère , Odyssée , iii , 71, ix , 252, et l’Hymne à Apollon. : partout chez eux les navigateurs, en se rencontrant, se font cette même question : Êtes-vous pirate ? Preuve que ceux à qui elle s’adresse ne désavouent pas cette profession, et que, dans la bouche de ceux qui ont intérêt à s’éclairer sur ce point, elle n’emporte aucune idée de blâme. Même sur terre, on se pillait réciproquement, et ces moeurs d’autrefois se sont conservées jusqu’à nos jours sur plusieurs points de la Grèce, chez les Locriens Ozoles, les Étoliens Les Acarnanes et les Étoliens, entre l’Épire, la Thessalie et le golfe de Corinthe, ont été de tout temps et sont restés de nos jours les peuples les plus grossiers de la Grèce. Polybe parle fréquemment du caractère indomptable et des moeurs sauvages des Étoliens. , les Acarnanes et dans toute cette partie du continent. L’habitude de vivre armés, commune à tous ces peuples, est un reste de cet antique brigandage.